Il y a quelques années, les dirigeants intégraient la responsabilité sociale d’entreprise et le développement durable à la gouvernance des entreprises. Aujourd’hui, inscrire la production responsable au cœur des offres est la nouvelle étape clé pour les sociétés de toutes tailles.
Plus exigeante que les engagements “corporate”, la production responsable est aussi source de différenciation voire de création de valeurs.
Les fabricants et les marques s’engagent chaque jour davantage dans la production responsable. De nouvelles sociétés, gammes ou produits naissent donc quotidiennement avec cette promesse de responsabilité.
Par exemple, leurs engagements portent sur le respect de l’environnement, ou sur la santé (ou plutôt l’innocuité), ou encore sur un volet social et éthique.
De toute évidence, ce mouvement répond aux enjeux climatiques ainsi qu’aux attentes des consommateurs. Le baromètre “Les Français et la consommation responsable” illustre bien ce dernier point.
Il est toutefois essentiel de s’assurer de la pertinence des actions engagées et des allégations employées pour les mettre en valeur. En effet, notre société de mieux en mieux documentée valorise la transparence. Ainsi, toute assertion ambigüe, excessive ou non alignée sur les pratiques constatées risque être taxée de greenwashing…
C’est pourquoi élaborer une démarche de production responsable et de communication peut sembler complexe.
Pourtant une méthode efficace et quelques bonnes pratiques fondamentales permettent d’aiguiller les entreprises de toutes tailles vers la réalisation de leurs objectifs. Cet article en présente les principes.
La première chose à faire est de réaliser un état des lieux de la gamme actuelle de produits en considérant les impacts potentiels sur l’environnement, la société ou la santé.
Cela revient à se poser de nombreuses questions, telles que :
– Quels sont les ingrédients et composants de mon produit ?
– Qui les produit et dans quelles conditions ?
– D’où proviennent-ils et quels transports empruntent-ils ?
– Où sont-ils transformés, par qui et dans quelles conditions ?
– Quel est l’emballage de mon produit final ?
– D’où provient-il ? A partir de quoi, comment et par qui est-il fabriqué ?
– Des emballages secondaires et tertiaires sont-ils utilisés ?
– Où mon produit est-il distribué et dans quelles conditions ?
– Comment est-il acheminé ?
– Une fois en possession du consommateur final, comment est-il utilisé ?
– Quels sont les autres produits nécessaires à son utilisation ?
– Que deviennent les emballages après l’achat du produit ?
– Quel est le devenir de mon produit à sa fin de vie ?
Bref, on le voit, la production responsable dépasse le strict cadre de l’atelier ou de l’usine qui fabrique votre produit. Il s’agit de considérer ses impacts potentiels tout au long de son existence, depuis sa conception jusqu’à sa fin de vie.
La deuxième étape vers une production responsable, consiste à réaliser une analyse de cycle de vie (ACV) des produits, basée sur l’inventaire dressé précédemment.
En fait, cette analyse technique, menée par des ingénieurs en environnement comme ceux de Kisaco, permet de traduire les données recueillies précédemment en impacts mesurables tels que :
– les émissions de gaz à effet de serre,
– l’eutrophisation des eaux,
– l’utilisation de ressources non renouvelables,
– l’impact sur la couche d’ozone,
– l’émission de radiations ionisantes (la radioactivité),
– l’utilisation des sols…
Grâce à ces calculs, il est possible de comprendre l’impact du produit à chaque étape de son existence :
– l’agriculture et l’extraction des matières premières,
– la fabrication,
– les transports,
– les emballages,
– la distribution,
– l’utilisation,
– la fin de vie.
Au final, après ces calculs, on dispose d’une vision aussi précise que possible de l’empreinte environnementale du produit. De plus, il est possible d’identifier les composants ou les étapes qui ont le plus fort impact sur l’environnement.
Il ne faut pas oublier qu’une production responsable est, certes, respectueuse de l’environnement, mais aussi de la société et des hommes.
C’est pourquoi l’étape suivante consiste à évaluer l’impact de la production sur :
– les conditions de vie des producteurs,
– la santé des utilisateurs,
– l’économie locale…
En d’autres termes, l’inventaire initial pourra être à nouveau exploité pour évaluer :
– les conditions de travail ou de couverture sociale des producteurs,
– les substances controversées qui entrent dans la composition du produit,
– les retombées financières tout au long de la chaîne de valeur du produit.
De toute évidence, il est essentiel de s’appuyer sur une méthode d’évaluation indépendante, simple et applicable facilement à chacun de vos produits et de leurs composants (ou ingrédients).
En résumé, les analyses exposées jusqu’ici permettent de dresser le portrait de votre produit ou de votre gamme de produits.
Afin d’identifier les pistes de progrès du dispositif actuel, il convient de répondre à une nouvelle série de questions :
– quelles sont les phases de la vie du produit qui ont le plus d’impact ?
– y a-t-il dans la gamme des produits qui se distinguent dans un sens ou dans l’autre ?
– comment se positionnent les produits par rapport à leurs concurrents ?
– les résultats obtenus sont-ils cohérents avec les positionnements actuels et futurs de ces produits sur le marché ?
Notons que les trois domaines (environnement, social et santé) peuvent être questionnés.
En règle générale, les réponses à ces questions permettent de préparer un plan d’actions à prioriser selon les objectifs et les moyens de l’entreprise.
Encore une fois, l’ampleur du plan d’actions est fonction de la taille de l’entreprise, du nombre de produits qu’elle propose et de ses objectifs. Ainsi, ce chantier mené au sein d’une PME spécialisée dans la production de quelques cosmétiques n’aura aucune commune mesure avec celui opéré par un groupe international de l’alimentaire.
– adopter une nouvelle formulation qui facilite le rinçage,
– ou / et proposer un flacon distributeur délivrant une dose de produit réduite,
– ou / et sensibiliser ses clients aux conséquences du surdosage…
En conclusion, inscrire la production responsable au cœur des offres est une priorité pour nombre d’entreprises de toutes tailles : c’est à la fois un gage de pérennité, de différenciation et de création de valeurs.
De plus, l’application d’une méthode efficace et adaptée à la taille et aux enjeux de l’entreprise lui permet de tirer des enseignements qui la font progresser sur son cœur de métier. C’est aussi l’opportunité d’établir un dialogue fructueux avec les fournisseurs, les partenaires et les clients.
Finalement, cette progression dans la production responsable permettra à l’entreprise de répondre vraiment aux attentes de ses clients. Pourvu qu’elle reste authentique, elle pourra alors communiquer sur les résultats obtenus et tirer les bénéfices des efforts déployés sans risquer d’être taxée de greenwashing.